Publié le 29 janvier 2020

Pour la première fois, Le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême investit de nouveaux lieux d’exposition et propose, hors de ses murs, une sélection d’œuvres d’artistes. Les auteurs Yoshiharu Tsuge et Brecht Evens voient leurs créations exposées jusqu’au 15 février en gare de Lille Europe.

Né en 1937, Yoshiharu Tsuge est l’un des monstres sacrés du manga. Son approche profondément personnelle a signé l’avènement du récit onirique et autobiographique, et fait basculer le genre dans une forme d’expérience poétique. Yoshiharu Tsuge débute en 1954 en écrivant des histoires pour les librairies de prêt. Dès 1965, il collabore à la revue d’avant-garde Garo. En 1966, il arrête provisoirement de dessiner ses propres histoires et devient l’assistant de Shigeru Mizuki. Son trait se fait plus détaillé, ses décors plus fouillés. En 1968, il opère une  bascule fondatrice en publiant dans Garo l’étonnant Nejishiki (La Vis). Dans ce récit de 24 pages, Yoshiharu Tsuge révèle une nouvelle facette du manga, convoquant les symboles, l’intimité et le rêve. Ses nouvelles sombres, aux accents mélancoliques, mettent en scène des voyageurs solitaires, des familles dysfonctionnelles, des exclus, autant de personnages derrière lesquels l’auteur se dévoile. Yoshiharu Tsuge a toujours transformé son passé en fiction - donnant naissance au watakushi manga ou “manga du moi” – et semble avoir essayé, au travers de son travail d’autofiction, de se délivrer du poids de sa mémoire. Il a cessé de publier de nouvelle bande dessinée depuis 1987, laissant  une œuvre inachevée.
 

La programmation autour de Yoshiharu Tsuge au Festival de Bande Dessinée d'Angoulême

Exposition "Yoshiharu Tsuge, être sans exister", au Musée des Beaux-Arts d'Angoulême - Du 30 janvier au 15 mars 2020

À peine sorti de l’école Saint-Luc de Gand, Brecht Evens publie à 22 ans Les Noceurs, son projet de fin d’études réalisé à l’aquarelle qui évoque le thème des « grands fêtards d’antan". Sa maîtrise remarquable de la couleur et des transparences, l’éclatement des perspectives et le goût du détail lui assurent une reconnaissance immédiate. Ce premier ouvrage, publié chez Actes Sud BD qui devient ainsi son éditeur privilégié, obtient le prix de l’Audace au Festival international de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2010. Parallèlement, Il expose régulièrement à la galerie parisienne Martel, publie ses dessins dans la presse et travaille pour le monde de la mode. En 2018, il publie Les Rigoles, toujours chez Actes Sud BD. Cet impressionnant roman graphique de plus de 300 pages, qui raconte les errances de trois noctambules dans une ville chimérique et sublime a été récompensé par le Prix Spécial du Jury du Festival en 2019.

LA BANDE DESSINÉE INVESTIT DE NOUVEAUX ESPACES D'EXPOSITION

Par l’intermédiaire de cette démarche, le Festival d’Angoulême ambitionne d’offrir de nouvelles émotions aux amoureux de bande dessinée en leur présentant des œuvres dans des lieux inattendus.

Il souhaite aussi, naturellement, convertir de nouveaux adeptes à ce médium artistique et littéraire (véritable passion française au regard du succès que sa créativité rencontre de longue date dans l’hexagone et plus que jamais aujourd’hui) en introduisant ces créations dans leur quotidien afin qu’elle participe d’une esthétique urbaine et d’une médiation culturelle transgénérationnelle. 

Depuis le 15 décembre et jusqu’au 15 février, ce sont ainsi 11 auteur(e)s qui sont exposés dans 17 gares réparties sur l’ensemble du territoire français.

Cette action entre en synergie directe avec l’initiative du Ministère de la Culture qui a décrété 2020 « Année de la bande dessinée ». 

La Nouvelle-Aquitaine et son agence culturelle, l’ALCA, soutiennent activement ce projet qui ouvre des potentialités d’expression aux artistes du 9e Art, affirmant ainsi l’importance de la bande dessinée et de son label aquitain mondialement connu qu'est le Festival d’Angoulême.